Actualités biodiversité et immobilier durable

IRICE publie des contenus courts pour aider à intégrer la biodiversité dans les projets immobiliers : points de friction, outils, leviers concrets. Des retours de terrain pour faire de la biodiversité un atout de projet, pas une contrainte.
Peut-on comparer le Biodiversity Performance Score (BPS) et le label BiodiverCity ?

Peut-on comparer le Biodiversity Performance Score (BPS) et le label BiodiverCity ?

Lundi, Novembre 3, 2025

Le label BiodiverCity et le Biodiversity Performance Score (BPS) partagent un même sujet : la biodiversité dans les projets immobiliers. Mais ils ne reposent pas sur les mêmes fondations. BiodiverCity est un label de démarche, centré sur la gestion et la perception du vivant. Le BPS est un outil scientifique, fondé sur la mesure écologique réelle et la vérification indépendante.

Deux démarches d’évaluation du vivant, mais deux fondements scientifiques et institutionnels distincts

Le label BiodiverCity et le Biodiversity Performance Score (BPS) partagent une même intention : intégrer la biodiversité dans les projets immobiliers. Mais ils reposent sur deux logiques opposées. BiodiverCity valorise la démarche et le management de la biodiversité. Le BPS mesure la performance écologique réelle, fondée sur des preuves scientifiques et un protocole indépendant. Deux outils complémentaires en apparence, mais de portée très différente.

1. BiodiverCity : un label privé de valorisation

Créé en 2013 par le Conseil International Biodiversité et Immobilier (CIBI), le label BiodiverCity vise à promouvoir la prise en compte de la nature dans les opérations de construction. Son référentiel s’articule autour de quatre thématiques principales :

  1. Management du projet,
  2. Conception écologique,
  3. Relation entre usagers et nature,
  4. Suivi et gestion du site.

L’évaluation repose sur un système de scoring, où chaque critère rapporte un nombre de points. Le niveau de labellisation (Base, Performant ou Excellent) dépend du total obtenu. Les audits sont réalisés par des assesseurs agréés par le CIBI, souvent issus du conseil environnemental. Le dispositif est non accrédité, et les évaluateurs peuvent également accompagner les projets, créant un risque de confusion entre évaluation et assistance.

BiodiverCity constitue ainsi un outil de valorisation et de sensibilisation, mais pas une certification indépendante au sens de la norme ISO/CEI 17065.

2. Le Biodiversity Performance Score : la mesure scientifique du vivant

Le Biodiversity Performance Score (BPS), développé par IRICE, répond à un besoin différent : évaluer objectivement la performance écologique réelle d’un site. Loin du principe de scoring, le BPS repose sur des données mesurées, des preuves vérifiables et une traçabilité scientifique.

Son protocole comprend cinq thématiques fondamentales :

  • Préservation du sol, 
  • Développement du patrimoine végétal, 
  • Soutien à la faune locale, 
  • Réduction des impacts du projet, 
  • Gestion écologique du site.

Chacune est traduite en indicateurs écologiques mesurables : connectivité, sol vivant, trames vertes et bleues, diversité floristique, qualité hydrologique, pollution lumineuse, continuités faunistiques, etc. Chaque projet reçoit un score global de 0 à 100, représentatif de sa valeur écologique réelle. Le BPS est interopérable avec la certification Effinature, accréditée ISO/CEI 17065, et peut être audité par un tiers indépendant.

3. Deux cadres méthodologiques incomparables

DimensionBiodiverCityBiodiversity Performance Score (BPS)
Porté parCIBI (association privée)IRICE (organisme scientifique et certificateur)
StatutLabel privé, non accréditéOutil scientifique adossé à certification accréditée
MéthodeSystème de points (score)Système de mesure (preuve et indicateurs)
Type d’évaluationManagement et engagementFonctionnement écologique réel
Données utiliséesDéclaratives et qualitativesMesurées, vérifiées sur site
AuditeursAssesseurs agréés par le CIBIÉvaluateurs indépendants formés IRICE
GouvernancePrivée et associativeScientifique et tierce partie
RésultatLabel de reconnaissanceScore de performance écologique certifiable

BiodiverCity met l’accent sur la relation entre projet et usagers. Le BPS s’attache au fonctionnement du système vivant : sols, eaux, habitats, continuités écologiques. L’un récompense une démarche, l’autre vérifie un résultat.

4. L’enjeu d’indépendance et de crédibilité

Selon le Code de la consommation, toute affirmation qu’un produit ou un bâtiment répond à un référentiel doit être fondée sur une certification indépendante. BiodiverCity, de par sa nature associative, ne relève pas de ce cadre normatif ; ses assesseurs peuvent être à la fois évaluateurs et accompagnateurs. Le BPS, en revanche, est conçu dans une logique d’impartialité scientifique : les évaluations sont indépendantes, reproductibles et documentées.

Cette indépendance garantit la traçabilité des résultats et la crédibilité auprès des investisseurs, des collectivités et des institutions financières. C’est ce qui distingue un label d’engagement d’une certification de performance.

5. Complémentarité : de la sensibilisation à la preuve

Le label BiodiverCity joue un rôle utile dans la diffusion des bonnes pratiques. Il initie la réflexion, mobilise les acteurs et favorise la conception intégrant la nature. Le BPS, lui, en constitue la suite logique : il mesure, vérifie et valorise les effets concrets de ces démarches sur le vivant.

Les deux approches peuvent se compléter :

  • BiodiverCity : management et culture de la biodiversité,
  • BPS : vérification et preuve scientifique.

Cette articulation crée une continuité méthodologique : de la démarche volontaire à la certification accréditée, de l’intention à la valeur écologique démontrée.

6. En conclusion

BiodiverCity et le Biodiversity Performance Score partagent une même ambition : replacer la biodiversité au cœur de l’immobilier. Mais ils ne s’appuient ni sur la même science, ni sur le même niveau d’exigence.

  • BiodiverCity est un label privé, déclaratif et pédagogique.
  • BPS est un outil scientifique, vérifiable et certifiable.

Les deux peuvent coexister : l’un sensibilise, l’autre prouve. C’est cette transition — du discours à la donnée, du label à la preuve — qui marque l’entrée du secteur dans l’ère de la biodiversité mesurable.

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