Actualités biodiversité et immobilier durable

IRICE publie des contenus courts pour aider à intégrer la biodiversité dans les projets immobiliers : points de friction, outils, leviers concrets. Des retours de terrain pour faire de la biodiversité un atout de projet, pas une contrainte.
Numérique et biodiversité : décider sur la preuve, pas sur l’intuition

Numérique et biodiversité : décider sur la preuve, pas sur l’intuition

Mercredi, Novembre 12, 2025

Les évaluations récentes du programme IT4Green quantifient les effets directs et indirects de la numérisation, selon une approche conséquentielle et des scénarios projetés à l’horizon 2035. La conclusion commune est claire : les gains ne sont jamais automatiques. Ils dépendent du contexte, des choix d’usage et des effets rebonds.Autrement dit, le numérique n’est vert que s’il le prouve.

1. Trois cas qui changent la décision

Éclairage public : attention au faux “gain vert”

La numérisation (gradations, détection, connectivité) n’apporte pas systématiquement un bénéfice net sur les indicateurs environnementaux. Les résultats varient selon la puissance installée, les profils d’éclairage et la stratégie d’extinction. S’y ajoutent les nuisances lumineuses pour la biodiversité nocturne.

Conclusion du rapport : chaque scénario doit être évalué au cas par cas, à l’aide d’un arbre de conséquences et d’analyses de sensibilité sur les profils de gradation. (Source : IT4Green – Numérisation de l’éclairage public)

Épandage d’engrais azotés : des gains sous conditions

Le pilotage par imagerie et l’épandeur à contrôle électronique peuvent réduire les intrants azotés, mais seulement si la typologie d’exploitation, le fractionnement des doses et les pratiques agronomiques sont maîtrisés. Le seuil de bascule varie selon le système de culture.

Message clé : l’outil numérique n’est vertueux que dans un système déjà optimisé structurellement. (Source : IT4Green – Optimisation des intrants agricoles)

Pilotage dynamique des lignes HT (DLR) : l’efficacité mesurée

Le Dynamic Line Rating affiche un bénéfice net robuste sur 15 indicateurs sur 16. En 15 ans, le déploiement du DLR permet :

  • 96 GWh d’électricité fossile évitée
  • 43 912 tCO₂e de réduction d’émissions

Mais cette performance ne représente que 0,11 % de l’effort national de décarbonation électrique d’ici 2030.

Conclusion : un bon levier, mais d’appoint. (Source : IT4Green – Numérisation et ampacité des réseaux)

2. Un piège récurrent : l’effet rebond

Dans les services “Tire-as-a-Service”, les gains environnementaux apparaissent dès 0,03 % d’économie de carburant ou 1 000 km de longévité pneumatique supplémentaire. Mais une hausse d’activité de moins de 1 % suffit à annuler le bénéfice global.

Conclusion : sans gouvernance des usages, tout progrès technique devient un simple déplacement d’impact. (Source : IT4Green – Tire-as-a-Service)

3. Ce que cela implique pour la biodiversité urbaine et territoriale

  • Pas de “solution numérique par principe” : privilégier la sobriété structurelle (LED dimensionnées, extinctions nocturnes, trame sombre), puis ajouter seulement les briques numériques ayant prouvé un gain net global.
  • Agriculture : l’optimisation numérique n’a de sens que dans un système rotatif et autonome, intégrant légumineuses et couverts végétaux.
  • Réseaux énergétiques : prioriser les cas où la donnée évite des travaux lourds et réduit une pression systémique (écrêtement).
  • Transports : prévoir des clauses anti-rebond et des indicateurs vérifiables dans les contrats de performance.

4. Méthode IRICE : décider vite et juste

  1. Cadrer l’unité d’analyse et la période.
  2. Cartographier l’arbre de conséquences (effets directs, indirects, inductions, rebonds).
  3. Sélectionner des indicateurs adaptés : biodiversité, énergie, ressources, nuisances lumineuses.
  4. Définir les seuils de rentabilité environnementale.
  5. Documenter les hypothèses et réaliser des analyses de sensibilité réalistes.
  6. Encadrer la gouvernance et le suivi pour éviter les rebonds (plafonds, audits, paliers).

5. En pratique

  • Collectivités : tester l’abaissement lumineux sur un quartier pilote en mesurant consommation, plaintes et faune nocturne.
  • Aménageurs et exploitants agricoles : comparer des scénarios de fertilisation intégrant légumineuses et couverts.
  • Énergéticiens : cibler les tronçons de réseau à fort potentiel d’écrêtement évité.
  • Opérateurs de flotte : lier rémunération et gains nets mesurés.

Conclusion

Numériser n’est ni bon ni mauvais en soi. La bonne décision combine sobriété, preuves chiffrées et garde-fous anti-rebond. C’est le terrain qui tranche.

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